Ayant clairement exprimé la semaine dernière l’intention de durcir ses actions syndicales contre les industriels, la Fédération nationale bovine (FNB) l’a concrétisée le 3 novembre, à l’issue du Conseil d’administration extraordinaire réuni par la Fédération de producteurs de bovins-viande. Ils ont décidé de bloquer les abattoirs sur l’ensemble du territoire national depuis le dimanche 7 novembre au soir, ciblant en particulier les sites du groupe Bigard. «Parce que ce groupe pèse plus de 40 % de l’abattage», explique Guy Hermouët, vice-président de la FNB, et parce qu’il refuse toute hausse des prix payés aux producteurs : «Ce n’est plus l’offre et la demande qui gère le marché de la viande bovine, ce dernier est verrouillé», constate-t-il. La FNB déclare aussi savoir que «certaines entreprises achètent de la viande aux Allemands pour empêcher le prix d’augmenter en France».
Les éleveurs appellent donc les principaux dirigeants industriels à «prendre leurs responsabilités», martelant qu’ils «sont prêts à aller jusqu’au bout pour sauvegarder leur revenu et leur activité, (…) pour préserver l’emploi et les territoires liés au maintien de leur production». Et ces actions de blocage se poursuivront « jusqu’à ce que les industriels acceptent de revenir discuter et d’augmenter les prix afin que les producteurs retrouvent des revenus décents !», souligne Guy Hermouët. L’objectif également : «retrouver une rentabilité au regard d’une hausse des coûts de production qui étrangle les exploitations».

«Nouvelle donne» filière
Après une surveillance des cotations depuis le mois de juin, une présence lors de ces dernières depuis plus d’un mois et des opérations de stickage en GMS depuis plus de deux mois, la FNB est désormais «prête au bras de fer» pour «une juste rémunération» des éleveurs. Elle est en cela totalement soutenue par la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA), les trois organisations syndicales ayant signé un communiqué commun à l’issue du Conseil de la FNB. Cette dernière a néanmoins souhaité accélérer la montée en puissance de ses actions, 8 jours avant l’expiration de l’ultimatum lancé, fin octobre, par la FNSEA et JA à tous les industriels des filières viandes (bœuf, porc et volailles).
La FNSEA, JA et la FNB réclament aussi «une nouvelle donne» pour la filière viande bovine, «fondée sur des relations équitables et pérennes, dans la transparence, le réel partenariat et le respect mutuel». Ils regrettent d’avoir épuisé tous les recours possibles à une autre forme d’action, ayant porté sans résultats tangibles leur demande «à tous les niveaux, (…) auprès de chaque acteur de la filière comme du ministre de l’Agriculture et des pouvoirs publics».
Les éleveurs sont d’autant plus en colère que les indicateurs de marché sont «objectivement positifs» pour attendre de la part des industriels une hausse sur les prix à la production, indiquent-ils. D’après le service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture (Agreste), la consommation de viande bovine est en hausse de 3 % depuis début 2010 et les exportations en bovins vivants et viandes progressent. C’est pourquoi la FNSEA, JA et la FNB insistent : «Le niveau de rémunération des éleveurs est «verrouillé» par l’aval de la filière».