Filière œufs - Les producteurs réclament une revalorisation urgente du prix en GMS
La production française d’œufs est en chute. Les producteurs demandent à la grande distribution une revalorisation de leur prix en GMS, afin de répercuter la hausse des coûts de production due à celle des cours des matières premières agricoles nécessaires à l’aliment du bétail.
Au cours du premier trimestre 2011, les mises en place de poulettes d’un jour, déterminant la production d’œufs, ont baissé de 31,2 % en France par rapport à la même période en 2010. Tous les pays de l’UE producteurs ont connu cette évolution négative, sauf l’Allemagne, en progression de près de 6 %. Mais c’est en France que la dégradation a été la plus sensible. Il faut y voir, en partie, le vide créé par la remise aux normes des élevages. Mais il faut y voir aussi, ce qui est plus inquiétant, les contraintes financières imposées aux éleveurs, notamment la hausse des coûts de l’alimentation des poules pondeuses, liée aux fortes hausses des prix des matières premières agricoles entrant dans la composition de l’aliment du bétail. Intervient en outre le coût de la mise aux normes «bien-être» des élevages avicoles, chiffré, selon les organisations professionnelles, à 25 € par place de poule pondeuse en cas de reconstruction total des bâtiments, à 16 € en cas de simple rénovation. On y ajoutera enfin le coût des exigences sanitaires et de celles liées à la qualité qui ne seraient pas respectées aussi scrupuleusement par certains de nos partenaires de l’Union européenne. Confronté à ces pressions coûteuses, l’élevage avicole «œufs» français «va dans le mur» sans une revalorisation urgente des prix de l’œuf en GMS, actuellement inférieurs aux coûts de production. C’est le cri d’alarme qu’ont lancé, le jeudi 21 juillet 2011 devant la presse, des représentants de la production : Francis Demay, président du CNPO (Interprofession de l’œuf) et éleveur, Jean-Marie Beaudet, président de la section œuf de l’Union des groupements de producteurs d’œufs de Bretagne et Philippe Juven, président de l’Association des producteurs d’œufs du Sud-Est. 80 millions de pertes Ces professionnels ne veulent pas faire le procès des marges prises par la grande distribution sur les oeufs, de l’ordre de 30 %. Ils constatent néanmoins que ses enseignes gagnent en une année 240 millions d’euros de marges sur l’ensemble des œufs vendus aux consommateurs, alors que les producteurs subissent une perte de 80 millions du simple fait de la non répercussion de la hausse de leurs coûts de production en rayons. Les producteurs demandent donc aux GMS de répercuter cette hausse des coûts par une revalorisation du prix de 1,62 centime d’euro par œuf. Cependant, pour que cette démarche aboutisse, il est nécessaire qu’elle soit relayée par le maillon intermédiaire, c’est-à-dire les entreprises de conditionnement qui sont les mieux placées pour en débattre avec la grande distribution, explique-t-on chez les producteurs. La Confédération française de l’Aviculture (CFA) demande la validation, dans les meilleurs délais, par l’Observatoire des prix et des marges, des indicateurs prévus dans l’accord du 3 mai dernier entre les acteurs des filières viandes. Ces indicateurs permettent de faire jouer la clause de réouverture des négociations des prix avec la grande distribution, «pour la survie des éleveurs et de la filière», souligne-t-elle. |