L'Agriculteur de l'Aisne 02 novembre 2012 a 15h12 | Par Gaetane Trichet

Emploi - L’agriculture est un des plus gros employeurs de France

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Claude Cochonneau : "l’agriculture permet aujourd’hui  à 1,7 million de personnes d’avoir une activité professionnelle. Avec son amont et son aval, ce sont 3,5 millions de personnes qui travaillent dans ce secteur. En période de crise profonde, il me semble important de rappeler à la société et en particulier à nos décideurs politiques, le potentiel d’emploi que représente l’agriculture avec des métiers modernes.
Claude Cochonneau : "l’agriculture permet aujourd’hui à 1,7 million de personnes d’avoir une activité professionnelle. Avec son amont et son aval, ce sont 3,5 millions de personnes qui travaillent dans ce secteur. En période de crise profonde, il me semble important de rappeler à la société et en particulier à nos décideurs politiques, le potentiel d’emploi que représente l’agriculture avec des métiers modernes. - © l'agriculteur de l'aisne

Montrer l'importance de l'emploi dans les filières agroalimentaires et sa contribution à la vitalité des territoires ruraux était bien sûr l'objectif de ce colloque. Claude Cochonneau, président de la Commission Emploi de la FNSEA a expliqué : «malgré la dispersion des employeurs sur tout le territoire, malgré la petite taille des entreprises, l'agriculture permet aujourd'hui  à 1,7 million de personnes d'avoir une activité professionnelle. Avec son amont et son aval, ce sont 3,5 millions de personnes qui travaillent dans ce secteur. Et ces emplois ne sont pas facilement délocalisables. En période de crise profonde, il me semble important de rappeler à la société et en particulier à nos décideurs politiques, le potentiel d'emploi que représente l'agriculture».
Il faut une harmonisation française et européenne«Nous, employeurs, participons au dynamisme des territoires ruraux, à l'aménagement du territoire, à la vie sociale de nos villages. Nous désirons aussi dire que nous sommes une force pour notre pays. Tant du point de vue économique que du point de vue sociétal. Or, nous sentons aujourd'hui que ce message a du mal à passer dans la classe politique» a regretté Claude Cochonneau. «Quand on regarde les choix  gouvernementaux récents comme l'abandon de la TVA sociale, le retour en arrière sur les mesures en faveur de l'emploi des salariés en CDI, l'amputation des exonérations de charges sociales pour l'emploi de salariés occasionnels, nous ne comprenons pas. C'est déconcertant pour un secteur comme le nôtre qui emploie encore beaucoup à l'heure actuelle». L'agriculture est peut-être le secteur le plus exposé à la concurrence internationale du fait du poids de la main-d'oeuvre dans le prix de revient des produits. «Nous faisons face à un voisin européen comme l'Allemagne qui n'impose aucun minimum de salaire dans le secteur agricole, sans parler de l'Espagne ou des pays plus à l'est. Il faut une politique d'harmonisation européenne. Nous avons donc besoin d'agir de manière forte sur le coût du travail pour rester compétitifs. Or, que fait le Gouvernement ? Il prend le chemin inverse en renchérissant le coût du travail. La mesure d'amputation de 20 % des exonérations pour l'emploi des travailleurs occasionnels va coûter aux employeurs 140 millions d'euros de charges supplémentaires ! Et la réforme du mode de financement de la protection sociale que nous appelons de nos voeux avec la TVA sociale pour faire participer les importations à notre protection sociale, est abandonnée pour des raisons dogmatiques ! Bref, nous sommes consternés par le décalage entre les discours prônant la sauvegarde de l'emploi en France et les actes pénalisant notre compétitivité». Surtout lorsque le taux de chômage dépasse les 3 millions d'individus. «Il faut donc un véritable choc de compétitivité car l'agriculture est à l'origine d'emplois solides et saisonniers. Et lorsque l'on parle de compétitivité, il ne faut pas oublier la recherche et les innovations» a conclu Xavier Bertrand, député-maire de Saint-Quentin, venu clôturer les débats de la première table ronde.

L'agriculture est aujourd'hui très moderne et utilise l'informatique, l'électronique, les technologies.
L'agriculture est aujourd'hui très moderne et utilise l'informatique, l'électronique, les technologies. - © l'agriculteur de l'aisne

Attirer les jeunes en agriculture

Claude Cochonneau réclame une définition des métiers agricoles. «Nous avons un problème d'image que l'on essaie de gommer d'ailleurs. Nous devons avoir une vision la plus large possible». Finie la caricature du salarié agricole peu cultivé, avec ses bottes et sa fourche. L'agriculture est moderne et les salariés suivent des formations pointues. La diversité de l'agriculture française offre une palette considérable de métiers variés susceptibles d'attirer les jeunes. Et ce d'autant plus qu'il y aurait actuellement 70 000 emplois non pourvus dans l'agriculture selon la FNSEA. C'est pourquoi les intervenants ont appelé les lycées agricoles à travailler toujours plus en ce sens tout comme les Pôles Emploi pour aider à trouver du personnel qui corresponde aux attentes des exploitants en mettant en adéquation l'offre et la demande.De son côté et après «les métiers à la mode» en 2009, la FNSEA lance une nouvelle campagne de communication sur les métiers de l'agriculture sur le thème : «ils font tourner la terre».  Cette campagne vise à renforcer l'attractivité des métiers de l'agriculture auprès des jeunes. Une campagne qui tombe à pic quand un sondage révèle que 14 % des Français seulement pensent que l'agriculture peut recruter et que les débats sur la compétitivité de l'agriculture et l'emploi préoccupent l'opinion publique et les décideurs politiques. Cinq visuels représentatifs de l'agriculture française, sur le lait, le vin, les céréales, les fruits et légumes et la viande ont été retenus. Ils seront diffusés dans la presse quotidienne régionale et dans la presse agricole départementale en novembre. Les encarts publicitaires dans la presse écrite sont associés à une campagne d'affichage sur l'ensemble du territoire français, à l'exception des grandes villes. Sans oublier une page web sur les sites emploi agricole des partenaires : l'Association nationale pour l'emploi et la formation en agriculture, l'Apecita et le Fafsea. Le tout complété par des stickers pour promouvoir la campagne, la faire durer, augmenter son impact et favoriser l'appropriation des messages.



Jean-Yves Bricout : Ces emplois sont bien répartis sur l'ensemble du territoire et constituent un maillage social très important.
Jean-Yves Bricout : Ces emplois sont bien répartis sur l'ensemble du territoire et constituent un maillage social très important. - © l'agriculteur de l'Aisne

Recréer un lien social

Toutefois, pour attirer des personnes en agriculture, il faut désenclaver les communes. Certaines zones sont accessibles mais des efforts restent à fournir notamment sur les loisirs, les services aux personnes (transports, crèche,...). «Aujourd'hui les élus politiques ont une vision urbaine du milieu rural. C'est une vision déformée et le monde rural sera de moins en moins représenté. Il faut se prendre en main». «Les citoyens n'ont plus de vue sur le métier, alors qu'autrefois, on entrait dans les fermes, on discutait avec l'agriculteur. Il faut valoriser le métier et ouvrir vos exploitations ou vos usines» a complété Jean-Pierre Mabillon, secrétaire général de Force Ouvrière, responsable du secteur agricole. La question du salaire et notamment des heures supplémentaires a été abordé. «La défiscalisation des heures supplémentaires a un intérêt clair en termes de pouvoir d'achat des salariés. Cet argent est directement réinvesti dans l'économie. La croissance en France repose pour 60 % sur la consommation» a-t-il été précisé, en expliquant que les salaires ne pouvaient être augmentés sous peine de perte de compétitivité.«Il faut aussi pouvoir offrir une carrière à un salarié, notamment dans les industries agro-alimentaires» a renchéri Jean-François Villard, directeur des ressources humaines chez Téréos. Thérèse Spriet, endivière et présidente de la Commission emploi du Nord explique : «Dans notre métier, il y a peu d'évolution de poste alors nous compensons par des moments sympathiques, de convivialité. Nos saisonniers restent fidèles à l'entreprise et nous n'avons pas de turn over».  Jean-Yves Bricout, président de la Commission emploi de l'USAA, appuie sur l'intérêt de recréer du lien social autour des emplois ruraux. «L'avantage de ces emplois c'est qu'ils sont bien répartis sur l'ensemble du territoire et ils constituent un maillage social très important» a-t'il poursuivi, s'étonnant lui aussi, de la difficulté de recrutement de salariés.En conclusion, il faut que la France fasse preuve d'un minimum d'intelligence économique pour conserver ses secteurs de production, employeurs de grand nombre de salariés, sur son territoire. Ces emplois sont possibles grâce à la création de valeur ajoutée, fruit d'une agriculture dynamique et offensive.

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