L'Agriculteur de l'Aisne 10 janvier 2011 a 17h09 | Par Catherine Delvalle

Des ateliers ovins performants grâce aux choix techniques

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La journée technique ovine régionale, organisée par les Chambres d’agriculture, les organisations de producteurs ovines, le GIE lait viande et l’Institut de l’élevage, a réuni une cinquantaine d’éleveurs ovins ce jeudi 16 décembre. L’exploitation d’Eric et Régis  Bourlon dans le Noyonnais à été le support de la journée. En complément d’une centaine d’hectares de cultures, un atelier de 550 brebis mères a été développé. L’atelier ovin est performant. Il dégage une marge proche de 80 euros/femelle grâce à un bon niveau de productivité et à une maîtrise des charges alimentaires. Les résultats sont reflets  d’une amélioration constante des pratiques et du niveau génétique du troupeau. L’intérêt de l’amélioration génétique des troupeaux a été mis en avant par l’ensemble des intervenants de la journée.

L’amélioration génétique se chiffre en euros
Laurence Tiphine et Eric Jullien, de l’Institut de l’Elevage ont présenté l’impact technique et économique du suivi génétique des élevages.
Le progrès génétique bien que peu perceptible ponctuellement est mesuré dans les élevages suivis en contrôle de performances (exemple graphe 1). Ainsi, la prolificité moyenne des ateliers Ile de France est passée de 150 %  à plus de 170 % en 15 ans. Or on sait qu’accroître sa productivité de 10 % permet un gain de 5 à 7 euros de marge brute par femelle présente.
Le travail sur les critères d’élevage prolificité et valeur laitière est réalisé sur le moyen et le long terme car ce sont des caractères «peu héritables», c'est-à-dire qu’ils se transmettent lentement à la descendance. Cependant, menées de manière régulière, l’utilisation d’inséminations artificielles, de béliers inscrits et le suivi des performances sont des techniques payantes.
Améliorer ses résultats carcasse par le croisement ou l’utilisation de béliers de type boucherie est efficace car les caractères liés à la carcasse sont fortement héritables.  C’est pourquoi des progrès considérables ont été réalisés depuis 20 ans dans la région avec une utilisation répandue de béliers inscrits. Une expérimentation a montré que des agneaux nés d’IA dégageaient un bénéfice supplémentaire de l’ordre de 3 à 4 euros par agneau.

Le contrôle de performances : un outil simple et efficace
Afin de suivre les performances de son troupeau, plusieurs formules sont disponibles :
- une formule reproduction avec l’enregistrement des luttes et des agnelages. Ce suivi permet de calculer les performances de fertilité et les index prolificité des brebis afin de sélectionner les agnelles de renouvellement  les plus prometteuses et de raisonner les accouplements,
- une formule élevage qui grâce à une pesée par agneau (entre 21 et 46 jours) permet de calculer l’index valeur laitière des brebis, reflet de la capacité des mères à produire un agneau lourd à 30 jours,
- une formule complète qui grâce à une seconde pesée de l’agneau (entre 59 et 92 jours) permet de calculer l’index croissance de l’agneau et de leur père.
Les indicateurs et les outils à disposition de l’éleveur adhérent du contrôle de performances sont pertinents et de qualité. Ils permettent également d’alimenter des logiciels d’éleveurs qui bénéficient ainsi de l’ensemble de leurs résultats sur PC et Pocket.

L’identification électronique : au-delà d’une contrainte, un atout pour l’élevage
L’identification électronique est obligatoire pour les agneaux depuis le 1er juillet 2010. Parallèlement une campagne de rebouclage des brebis démarre cet hiver. L’identification électronique valorisée avec un logiciel de gestion de troupeau et éventuellement un pocket facilite
les enregistrements d’événements et les tris d’animaux (agnelles/réformes). L’effectif croissant des troupeaux nécessite ces équipements afin de faciliter la conduite du troupeau et le travail.

Choisir un mauvais bélier peut coûter cher
Le prix d’un bélier peut paraître important (plusieurs centaines d’euros).  Il est cependant négligeable relativement à l’impact qu’il peut avoir sur le troupeau. Conservé durant 4 luttes, un bélier sera le père de 150 à 180 agneaux, selon le niveau de productivité du troupeau. Une partie de ces agneaux constitue le renouvellement de la troupe. Une perte de performances des agnelles de l’ordre de 20 % de prolificité coûtera plus de 1500 euros à l’élevage. Une perte de 70 g de GMQ/jour de vie des agneaux coûtera plus de 1000 euros.
Améliorer un troupeau ovin est un travail régulier et parfois long pour lequel rigueur et constance sont nécessaires. L’absence ou la réduction de soutiens financiers à l’achat de reproducteurs ne doivent pas être des raisons pour ralentir ces efforts.

La maîtrise des charges alimentaires : déterminant de la marge
Les participants à la journée ont découvert les pratiques du GAEC Bourlon. Les deux éleveurs utilisent comme base de l’alimentation des pulpes surpressées et des écarts de triage de pommes de terre de consommation. Ces fourrages grossiers distribués aux brebis permettent de couvrir plus de 50 % des besoins alimentaires du troupeau (productivité 149 %). La complémentation des brebis et des agneaux est réalisée à partir d’un mélange fermier à base de céréales et de tourteau de colza. Après sevrage, le mélange agneau est enrichi de pulpes sèches.
Des surfaces en interculture sont également pâturées à l’automne pour couvrir les besoins de brebis en entretien.
Chacune de ces pratiques a été raisonnée pour ne pas dégrader les résultats de productivité et de qualité des carcasses. Elles se sont avérées payantes dans le contexte alimentaire 2010.

Améliorer ses résultats techniques pour passer le cap 2013
L’avenir des aides ovines n’est pas connu aujourd’hui au-delà de 2013. Les élevages ovins sont incités à améliorer et à stabiliser leur marge. Une démarche de communication sur les techniques innovantes et pertinentes en élevage ovin a été initiée pour accompagner les éleveurs. Cette démarche nommée Reconquête ovine prend également la forme d’un site internet www.reconquête-ovine.fr  qui rassemble fiches techniques, témoignages, offres de formation, etc. Chaque éleveur doit se sentir sensibilisé dans ce travail de regain de rentabilité afin de pérenniser la filière ovine dans la région.

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