L'Agriculteur de l'Aisne 25 juillet 2011 a 08h55 | Par Actuagri

Opérations paille en France - Le ballet de la solidarité durera tout l’été

Des éleveurs du Doubs ont accueilli un convoi de 500 tonnes de paille le 19 juillet, contractualisées auprès de céréaliers de la Marne. Les « Opération paille » comme celles-ci se multiplient partout en France. Le défi logistique est à la hauteur du grave déficit fourrager que subissent les régions d’élevage.

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Le ballet des tracteurs est incessant pour délivrer sur la remorque de chaque éleveur présent le tonnage de paille qu’il a contractualisé pour ses animaux. Entre les gouttes de pluie, 25 camions sont partis à l’aube de la Marne, chargés de 500 tonnes de paille pour une quarantaine d’éleveurs. Ils viennent d’arriver dans le Doubs, ce 19 juillet, sur le canton de Clerval et la commune de Rahon, dans le cadre de l’Opération paille lancée par le réseau de la FNSEA et Jeunes Agriculteurs il y a deux mois. Objectif : aider les éleveurs dont le potentiel de fourrage a été brûlé par la sécheresse du printemps. Les éleveurs du Doubs ont contractualisé au total 10 000 t de paille avec les céréaliers de la Marne, premier département offreur de paille en cet été 2011.
Des opérations comme celle-ci, il s’en multiplie depuis des semaines partout en France, dans la Manche, en Vendée, Maine-et-Loire, dans le Lot-et-Garonne, en Côte d’Or, dans les Vosges et la Loire. 1 million de tonnes (Mt) de paille ont été contractualisées entre départements offreurs et départements demandeurs, les céréaliers s’étant engagé à ne pas les broyer pour venir en aide aux éleveurs. Aujourd’hui, la solidarité et la mobilisation sont générales pour que les animaux d’élevage soient nourris : SNCF, armée, sociétés d’autoroute qui ont accepté d’exonérer les transporteurs de fourrage de frais de péage.

Refus de l’abattage
Dans le Doubs, la tonne de paille livrée aux éleveurs s’élève à environ 100 euros : 70 euros au départ de l’exploitation et 30 à 40 euros de frais de transport. Pour l’opération paille Marne-Doubs, les entreprises de transport sont toutes installées dans le Doubs. Les 9 500 autres tonnes de paille attendues d’ici septembre ne combleront qu’une partie du déficit des besoins en fourrage du département, qui compte 170 000 Unités Gros Bovins (UGB).
En temps normal, la pousse de l’herbe est de1 cm par jour dans le département, peu habitué aux sécheresses. En mai 2011, elle n’a été que de 1 cm tous les 10 jours. «Mais nous refusons d’abattre nos bêtes parce qu’il n’y aurait pas de nourriture pour elles», explique déterminé, casquette vissée sur la tête, Philippe Jouillerot, maître de cérémonie du jour en tant que délégué cantonal de la FDSEA 25 pour le canton de Clerval. Ailleurs en France, une majorité d’éleveurs refusent aussi de s’y résigner.

Tous bénéficiaires
Pour le président de la FDSEA du Doubs, Philippe Monnet, cette opération de solidarité permet de «calmer la spéculation sur la paille et moraliser le marché». «Cette opération profite aussi à tous dans le Doubs, agriculteur adhérent du réseau FNSEA/JA ou pas», précise la 6e vice-présidente de la Région Franche Comté, elle-même agricultrice, Sophie Fonquernie. Un aspect également souligné par le secrétaire général adjoint de la FNSEA et éleveur dans le Doubs, Daniel Prieur, qui insiste sur l’importance de développer l’autonomie alimentaire des exploitations d’élevage pour sécuriser le revenu : «Les opérations que nous menons aujourd’hui ne peuvent pas être une solution durable reproduite tous les ans».
Le secrétaire général des JA, Christophe Chambon, agriculteur sur la colline voisine de Rahon, rappelle qu’il faut faire «le plus vite possible» au niveau national, évoquant les risques importants de décapitalisation dans les élevages du sud du Massif Central par exemple. Christiane Lambert, première vice-présidente de la FNSEA, présente sur le canton de Clerval, a souligné que 70 départements français avaient demandé la reconnaissance en calamité agricole, «du jamais vu !». Une situation qui «nécessitait donc une action sur tous les fronts», professionnel, bancaire, MSA, transporteurs et armée, commente-t-elle.


A Saint-Arnoult-en-Yvelines et à Etampes…
Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie, Xavier Beulin, président de la FNSEA, les dirigeants de Vinci Autoroutes, Pierre Coppey, et de l’ASFA, Jean Mesqui, ont inauguré le 21 juillet, au péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines, la gratuité des péages autoroutiers pour les transports de fourrage, dans le cadre de l’Opération paille lancée par la FNSEA et JA. Puis les deux ministres se sont rendus sur la station ferroviaire d’Etampes, dans l’Essonne, l’une des stations de départ des trains de paille, en présence du Directeur général de SNCF Geodis, Jean-Michel Genestier. Sur présentation d’un justificatif délivré par les Chambres d’agriculture, les transporteurs n’acquitteront pas de frais de péage durant toute la durée de l’opération. Les éleveurs ayant contractualisé de la paille avec des céréaliers doivent faire la demande du justificatif auprès de leur Chambre, qui la délivre ensuite aux transporteurs de fourrage. Du côté du rail, des trains sont affrétés pour les plus longues distances, même si l’essentiel du transport va se faire par la route. Le 21 juillet, à Etampes, des éleveurs de Corrèze chargeaient eux-mêmes sur un train, bénévolement, la paille qu’ils ont contractualisée avec des céréaliers de l’Essonne, direction : Brive-la-Gaillarde. La ministre de l’Ecologie a insisté sur une opération «qui n’est pas seulement logistique mais également une opération de solidarité». Bruno Le Maire, lui, estime les besoins totaux en acheminement de paille «entre 1,5 et 1,7 million de tonnes» jusqu’en septembre. Xavier Beulin a demandé de son côté que le ministère de la Défense «permette la sécurisation des aires de stockage des pailles» avant leur acheminement, après que 500 tonnes soient parties en fumée sur le site d’Etampes par malveillance. Le président de la FNSEA s’est engagé aussi à obtenir pour les éleveurs "le coût de transport de la paille le plus bas possible».

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