L'Agriculteur de l'Aisne 27 janvier 2022 a 16h00 | Par Actuagri

Une étude néerlandaise admoneste Farm to Fork

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Chute des productions, doublement des importations alimentaires et conséquences néfastes pour l’environnement à prévoir. Telles sont les principales conclusions de l’étude de 74 pages réalisée par l’Université de Wageningen (Pays-Bas) et rendue publique fin janvier. Les chercheurs de l'université de Wageningen répondaient à une commande de CropLife Europe et de CropLife International, avec la participation d'autres acteurs de la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Selon les chercheurs néerlandais, les objectifs de Farm to Fork qui sont d’atteindre la neutralité carbone en Europe d’ici 2050 entraineraient des pertes de rendement allant jusqu’à 30 % pour la réduction des pesticides et 25 % pour les objectifs de réduction de la fertilisation. Il en résulterait également une baisse de la qualité des produits agricoles bruts. L’ensemble de ces pertes qui concerne la valeur de la production européenne se chiffrerait à environ 12 milliards d’euros par an. En cela, cette étude rejoint celles déjà fournies par le ministère de l’Agriculture américain (USDA) en novembre 2020 et le Joint Research Centre de la Commission européenne de l’été 2021 qui sont arrivées, peu ou prou, aux mêmes conclusions.

Objectifs ruinés

Il sera par conséquent compliqué dans ces conditions d’atteindre l’objectif de 25 % des surfaces en agriculture biologique, alors même que la demande s’essouffle et que les producteurs de lait et d’œufs notamment, sont contraints de brader leurs produits à vil prix. Selon Philippe Stoop, directeur Recherche et innovation d’ITK, interrogé par le site Atlantico, «Farm to Fork risque d’aggraver l’érosion des prix du bio qui inquiète déjà la filière». Il pourrait y avoir pire : «le gain de biodiversité entre les parcelles bio et conventionnelles est loin de compenser l’augmentation des surfaces qui seraient nécessaires pour produite la même quantité d’aliment en bio», analyse-t-il. L’étude souligne par ailleurs la nécessité de mettre 2,6 millions d’ha supplémentaires en culture pour nourrir l’Europe. De même, la souveraineté alimentaire tant souhaitée par nombre de dirigeants politiques et agricoles ne deviendrait plus qu’un doux rêve. Nos fers de lance à l’exportation comme les vins et spiritueux et les céréales déclineraient et les importations augmenteraient ruinant les objectifs neutralité carbone affichés. Surtout, la France et l’Europe deviendraient encore plus dépendantes de ses principaux partenaires mais néanmoins concurrents. Enfin le revenu des agriculteurs risque de pâtir d’une telle situation «puisque les recettes auront tendance à diminuer, probablement à un rythme plus rapide que les baisses de coûts prévues», souligne le rapport, notamment les baisses relatives à la protection et à la croissance des plantes.

L’étude (en anglais) est disponible à l’adresse suivante : https://edepot.wur.nl/558517

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