L'Agriculteur de l'Aisne 13 mai 2011 a 09h31 | Par Bernard Leduc

Répondre à la nécessité de produire plus et mieux

A l’assemblée générale de la fédération régionale des coopératives agricoles de Picardie, le 28 avril près de Laon.

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- © l'agriculteur de l'aisne

Les coopératives sont le prolongement des exploitations agricoles ; leur finalité commune est donc la durabilité de l’agriculture. Bruno Lefébure, secrétaire général de la FRCA (fédération régionale des coopératives agricoles de Picardie) disait lors de l’assemblée générale, jeudi dernier 28 avril, qu’il ne peut y avoir d’agriculture que si elle est «intensivement écologique et durablement économique». D’ailleurs, il faut répondre au marché, ajoutait le président Didier Piot, malgré les contraintes réglementaires toujours plus pesantes, tant d’ailleurs pour les exploitations agricoles que pour leurs coopératives. Celles-ci se doivent en conséquence d’accompagner leurs adhérents pour répondre à ces exigences et à la demande sociétale d’une activité agricole respectueuse de l’environnement, tout en préservant – voire en améliorant - la performance économique des exploitations.
La réglementation environnementale se traduit par un empilement de mesures, qui vont des arrêtés nitrates aux Sdage et bassins d’alimentation de captages, en passant par les plans Ecophyto,  «Climat et énergie» ou encore pour l’agriculture biologique. Bruno Lefébure rappelait, en regrettant la généralisation du principe de précaution, que les organisations professionnelles agricoles n’ont pas attendu le Grenelle de l’environnement pour s’impliquer dans des démarches environnementales. En particulier, elles se sont  inquiétées des risques de diffusion des nitrates ou des produits phytosanitaires dans l’eau, rappelait Joël Cottart, secrétaire général d’Arvalis, en évoquant les travaux de l’ITCF menés dans ce domaine dès le début des années 90 et les préconisations techniques pour optimiser les apports. Ceux-ci ont d’ailleurs considérablement diminué : depuis 1990, la fertilisation azotée sur les blés a été réduite de 35 % et les tonnages de produits phytosanitaires vendus en France ont baissé de 25 %.
Il faut tenir compte de ces données que la FRCA tente de rappeler dans les différentes instances, en défendant par exemple le «si possible» pour la réduction de moitié des produits phytos du plan Ecophyto pour 2018 : des efforts ont déjà été faits et on ne pourra pas toujours aller au-delà, surtout en désherbage. L’échec de l’expérience danoise était cité. Les apports de la recherche seront donc déterminants.
Les responsables des coopératives picardes ont la volonté de tout faire pour produire plus et mieux, pour préserver la compétitivité économique de l’agriculture et fournir les marchés, dont les besoins sont croissants. Les coopératives répondent à cette nécessité en apportant à leurs adhérents des conseils techniques basés sur la recherche (Inra, instituts techniques et Chambres d’agriculture), leur diffusion par leurs essais et une communication sur les méthodes proposées en matière par exemple d’agriculture de précision ou d’outils d’aide à la décision. L’approche reste avant tout technique. Tout en répondant aux besoins spécifiques : il n’y a pas une, mais des agricultures, disait Bruno Lefébure. Il évoquait les «niches» (dont la vente directe) et l’agriculture biologique, mais ceux-ci ne peuvent être généralisés : la puissance économique de l’agriculture reste assurée par les grandes productions, dont les débouchés sont multiples, surtout à l’export.

Lourds investissements
La généralisation du principe de précaution donne lieu à des aberrations que Rémi Haquin a de nouveau dénoncées : une réglementation très lourde a suivi l’accident de Blaye en 1997 puis celui de l’usine AZF à Toulouse en 2001 : tout silo est devenu suspect et de nombreuses mises aux normes ont été nécessaires. Cela s’est traduit par de très lourds investissements dans les coopératives, qui ont géré cette obligation réglementaire en recherchant la modernisation de leurs équipements.
«Il faut continuer à produire plus» disait aussi Rémi Haquin, et il faudrait pouvoir augmenter les capacités de stockage, d’au moins 5 millions de tonnes à court terme au niveau national.
Par ailleurs, de nouveaux investissements seront nécessaires pour profiter des opportunités que va apporter le prochain canal à grand gabarit. Ce projet était présenté par Jacques de Villeneuve, vice-président de la FRCA ; les travaux devraient débuter en 2013, pour une ouverture en 2017. Ce chaînon manquant dans le réseau fluvial à grand gabarit du quart Nord-Ouest de l’Europe va transformer la géographie logistique de cette grande région très exportatrice. Elle va renforcer sa compétitivité économique par la massification, dans une logique de développement durable : en 2020, le trafic annoncé sur ce canal remplacerait 500.000 camions. Et, en abaissant les coûts de transport, il pourrait accroître les débouchés non seulement des coopératives picardes – dont en particulier Noriap, premier chargeur de la région actuellement, ou Agora, mais aussi celles de régions voisines, la Champagne en particulier. Jacques de Villeneuve ajoutait que ce canal est une occasion pour les coopératives de Picardie d’être un acteur majeur dans le succès de ce grand projet. «C’est bien ensemble que nous avancerons» disait en conclusion le président Didier Piot.

La Fédération régionale des coopératives agricoles (FRCA)

Elle regroupe une quarantaine de coopératives et unions, de secteurs diversifiés : il y a bien sûr les coopératives céréalières, mais aussi celles des autres secteurs : élevage, fruits et légumes… Si le bureau ne comprend que des représentants des coopératives céréalières (Didier Piot, pour AXion, Rémi Haquin, pour Valfrance, Jacques de Villeneuve, pour le groupe Noriap, Jean-Luc Poulain, pour l’Ucac, Bruno Lefébure, pour Céréna, et Hubert de Nazelle, pour Capsom), il y a parmi les autres membres du conseil d’administration Bertrand Magnien (pour Tereos), Pierre Klein (pour Expandis), Bertrand Venet (pour Jba), ou encore Benoît Ghesquière (pour Lin 2000).
La FRCA conduit des actions collectives syndicales et apporte son soutien aux coopératives adhérentes dans tous les domaines, en particulier au regard des normes réglementaires en constante évolution.

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