L'Agriculteur de l'Aisne 30 juillet 2010 a 14h22 | Par Michel Verbeke

Production porcine 2009 : les coûts baissent... le prix aussi !

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En 2009 dans la région Nord Pas de calais Picardie, les résultats techniques stagnent. Le prix du porc payé aux producteurs est en moyenne de 1,298 euro du kg de carcasse, soit une baisse de 7 % par rapport à 2008. Dans le même temps, la diminution  du coût des matières premières a engendré une diminution du coût alimentaire de 20 %. Celle-ci sonne peut-être la fin de cette longue période difficile.

Peu d’évolution sur l’année

L’analyse régionale des résultats GTTT en 2009 porte sur un échantillon de 17 825 truies issues de 114 élevages. Avec 25,9 sevrés/truie productive/an, la progression est de 0.16 porcelet. Cette amélioration est due au taux de pertes sur nés vivants qui a diminué de 0.18 % pour atteindre 15.8 %, et la prolificité  qui s’est améliorée de 0,1 porcelet/portée, avec en moyenne 12.85 nés vivants. Cependant un critère a tendance à se détériorer depuis plusieurs années, c’est le nombre de morts nés. Il y a une augmentation continue pour atteindre 1.23 porcelet en 2009. Plusieurs facteurs influencent ce critères : truies grasses, mycotoxines, tonicité à la mise bas, n° de portée, prolificité… Mais c’est aussi un critère très lié à l’animal et souvent répétitif. 15 % des portées expliquent plus de 50 % des morts-nés.

Des différences de résultats techniques

Il existe de grandes différences entre les élevages. Pour s’en rendre compte, il suffit de comparer les productivités. Le groupe de tête (1/3 supérieur) est à 28.23 sevrés par truie productive par an, soit une différence de 2,4 porcelets. Avec un taux de pertes et de saisies sevrage-vente de 6.06 % et un poids moyen du porc charcutier en carcasse de 88,87kg, cela représente 200 kg de carcasse en plus /truie/an. Cet écart de productivité entre la moyenne et le groupe des 10 % meilleurs s’explique essentiellement par les pertes sur nés vivants (18 %) et par la prolificité (58 %).

Des différences en fonction de la taille du cheptel
L’analyse des données en fonction du nombre de truies sur l’exploitation montre un avantage aux élevages de taille importante. (tableau 3). Des équipements plus performants, mais surtout une présence plus constante dans l’élevage et notamment auprès des truies permettent certainement de comprendre cette différence. La main-d’oeuvre est plus spécialisée dans ces  élevages. La différence de productivité entre les groupes extrêmes s’explique par une meilleure prolificité et moins de pertes en maternité, mais aussi une meilleure maîtrise de la reproduction (ISSF).

Le sevrage à 3 semaines encore minoritaire….
Sur l’ensemble des élevages en GTTT dans la région, seuls 21% pratiquent le sevrage à 21 jours. En Bretagne en 2009, cette technique est adoptée par 42 % des élevages suivis en GTTT et concerne 53 % des truies.
L’âge au sevrage n’influe pas sur la prolificité des truies. Les pertes en maternité sont un peu plus faibles (0.7 %). La consommation d’aliment par truie est inférieure (- 32 kg).
Au final, les éleveurs sevrant à 21 jours produisent 0.45 porc de plus par truie et par an.
L’analyse des résultats GTTT 2009 montre que la technicité stagne dans notre région. La moyenne française est de 27.9 sevrés/truie productive/an. Toutefois, il faut aussi signaler que le taux de suivi des élevages en GTTT est relativement élevé dans nos régions (notamment en Picardie) par rapport à d’autres régions. Au vu des résultats des groupes de tête, il existe toujours des marges de progrès importantes. Le potentiel génétique existe. Reste à l’exploiter au mieux.

GTE : la technique progresse à petits pas
Depuis maintenant cinq ans, les critères techniques augmentent sensiblement. La productivité de nos élevages est de 21 porcs charcutiers vendus par truie présente et par an. Le gain moyen quotidien et l’indice de consommation sevrage-vente stagnent quant à eux depuis 5 ans. Nous n’avons gagné que 10 g de GMQ pour atteindre 654 g  et l’IC a diminué de 0.04 point soit aujourd’hui un IC de 2,66. Pourtant ces deux derniers critères jouent un rôle important sur le coût de production. Nous pouvons encore les améliorer grâce à l’énorme potentiel génétique que la production a acquis depuis plusieurs années. Mais avec des bâtiments vieillissants dus au manque d’investissement de ces dernières années, ils ne peuvent s’exprimer dans leur totalité. N’oublions pas également qu’avec l’augmentation de la productivité, les bâtiments PS et engraissement sont souvent chargés au delà des normes recommandées : 100 kg/m2 en PS et 0,7 m2/porc en engraissement.

Coût alimentaire et coût de production en baisse

L’année 2008 a été marquée par un coût alimentaire excessivement haut. En effet, il faut  effectuer un bond de presque 20 ans en arrière pour retrouver un tel prix. Cette année 2009 est marquée par la baisse du coût alimentaire, le prix des aliments est sensiblement supérieur à celui de l’année 2007, avec un prix du porc payé aux éleveurs sensiblement identique.
Le coût de production qui est fortement lié au coût alimentaire est lui aussi en train de diminuer. Celui-ci oscille entre 1,18 euro et 1,46 euro du kg de carcasse. Cette différence du coût de production s’explique en grande partie par le choix du système d’alimentation : achat d’aliments, fabrication d’aliments à la ferme, ou utilisation de co-produits.

Alimentation et coût de production vont de paire

Beaucoup d’éleveurs de notre région sont en fabrication d’aliments à la ferme et/ou avec utilisation de co-produits. Ce choix n’est pas anodin. En effet grâce à la fabrication d’aliments à la ferme, les éleveurs arrivent à diminuer leur coût alimentaire  et donc également baisser leur coût de production. En moyenne un éleveur achetant son aliment à un coût de production de 1,393 euro contre 1,201euro pour un éleveur ayant une FAF et utilisant des co-produits, soit une différence de coût de production de 0,19 euro par kg de carcasse. A raison de 1850 kg de carcasse produits/truie/an, cela représente 350 euros/truie.

La baisse du coût de production en 2009 aurait dû permettre un redressement plus rapide des trésoreries mais c’était sans compter sur une chute des cours du porc charcutier. Le début de l‘année 2010 voit se prolonger la baisse des coûts de production, notamment du coût alimentaire, mais les cours du porc ne se sont pas redressés. Il est donc à craindre que les marges du premier semestre seront identiques à celles de l’année 2009 prolongeant ainsi une sortie de crise difficile pour les éleveurs.

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