L'Agriculteur de l'Aisne 27 août 2010 a 08h25 | Par Rémy Hennequin

Eleveur laitier bio, pourquoi pas vous ?

Devenir producteur de lait biologique ne s’improvise pas. Malgré la forte demande de la filière, les candidats à la conversion sont peu nombreux.

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L'absence d'utilisation de produits chimiques contribue à la préservation de la qualité de l'eau
L'absence d'utilisation de produits chimiques contribue à la préservation de la qualité de l'eau - © Rémy Hennequin

C’est souvent la méconnaissance du sujet et la méfiance vis à vis de ce mode de production qui font hésiter les éleveurs.
Pour essayer de vous éclairer un peu mieux voici onze points clés. Suivez le guide !

Le maître mot : «autonomie
alimentaire»

En élevage bio il faut tout mettre en oeuvre pour alimenter les animaux avec des fourrages et des concentrés produits sur l’exploitation. Les achats extérieurs coûtent très chers et les disponibilités sont aléatoires.

Maximiser le pâturage
Plus les animaux pâturent, plus le travail est simplifié et plus les charges sont réduites. En effet il y a moins de stocks à constituer et à distribuer, et moins de déjections à stocker et à épandre.
Bien sûr, pour maximiser le pâturage, il faut un parcellaire qui s’y prête.

Les systèmes polyculteurs éleveurs sont parfaitement adaptés à une conduite en bio
Dans ce type d’exploitation, il est possible d’organiser des rotations longues avec alternance de légumineuses et de céréales. Cela permet une valorisation optimum des effluents d’élevage, ce qui contribue à une bonne gestion de l’azote.

Quelques repères en
production laitière

La production par vache se situera entre 5000 L et 6000 L par an, dont 5 % pour l’alimentation des veaux. Il faudra donc plus de vaches pour un quota donné qu’en système conventionnel plus productif. Le chargement sera de 1,2 à 1,5 UGB par ha de surface fourragère avec une consommation de concentrés comprise entre 600 et 1000 kg par vache et par an (céréales et protéagineux auto-consommés).

La luzerne : «plante miracle
en bio ?»

A chaque fois que l’on pourra cultiver de la luzerne, il ne faudra pas s’en priver ! Cette plante contribue à la maîtrise  du salissement, ne nécessite pas d’azote et est riche en protéines. De plus elle est souvent bien adaptée à notre région, notamment en terres crayeuses.
La santé des animaux
L’équilibre alimentaire que procurent l’herbe pâturée et les rations hivernales à base de foin, est le point de départ pour un animal en bonne santé. De nombreux soins courants peuvent être assurés par l’homéopathie et la phytothérapie.

Des productions rentables
économiquement

Le lait bio est payé 30 à 40 % plus cher que le lait conventionnel, les céréales le double et les charges proportionnelles sont divisées par deux. Même avec moins de volume produit les E.B.E. sont comparables aux situations non bio grâce à une efficacité économique meilleure (% d’ E.B.E. sur produit supérieur à 40 %).
Attention toutefois à la période de conversion qui peut déstabiliser, momentanément, la trésorerie de l’exploitation.

Quelques critères
environnementaux

Dans les exploitations en mode de production biologique, la couverture hivernale des sols est très souvent proche de 100 % et la bio-diversité  est accrue compte tenu du nombre d’espèces cultivées. L’absence d’utilisation de produits chimiques contribue à la préservation de la qualité de l’eau.

Travail et qualité de vie
S’il n’y a pas moins de travail en élevage bio, le rythme est différent. On constate une pointe de travail en lien avec les récoltes de fourrages. La gestion du pâturage, pour en tirer le meilleur profit, demande un travail spécifique.
D’une façon générale les agriculteurs bio se déclarent souvent satisfaits de faire un métier qui leur plait.
Enfin l’absence de manipulations de produits chimiques peut être un gage d’une meilleure santé pour l’agriculteur.

Le profil de l’agriculteur
biologique

Pour se lancer en agriculture biologique il faut une motivation importante et être fort psychologiquement pour « digérer » les nombreux changements. De même, il ne faut pas rester seul mais s’appuyer sur des compétences extérieures.

«L’agriculture biologique
c’est d’abord et avant
tout de l’Agronomie»

En agriculture conventionnelle certaines difficultés peuvent être contournées par l’emploi des engrais chimiques et des produits phytosanitaires. Ce n’est pas le cas en agriculture biologique.
Mais si vous êtes de bons agronomes, vous serez capables de mener à bien une exploitation en agriculture biologique.

Elevage ou cultures, des formations de base
pour se lancer en bio

En concertation avec l’Agriculture Biologique en Picardie, des formations sont proposées depuis deux ans, qui s’adressent à un large public d’agriculteurs, quelque soit leur niveau dans la réflexion vers un mode de production biologique. Ainsi, les mercredi 15 et 22 septembre 2010, se tiendra à Noyon (locaux de l’ADANE), une formation destinée plus particulièrement aux agriculteurs dont le projet porterait sur les grandes cultures biologiques. Au programme, présentation du cahier des charges, témoignage d’un producteur, découverte des techniques de production et réflexion sur un projet de conversion adapté à son exploitation.
Si vous êtes intéressés, contacter avant le 3 septembre, Gilles Salitot au 03 44 11 44 65. Cette formation est gratuite pour les agriculteurs. D’autres formations suivront cet hiver portant plus particulièrement sur la conversion en élevage biologique.

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