L'Agriculteur de l'Aisne 21 octobre 2010 a 15h58 | Par Emmanuel DELMOTTE - Nicolas MARECHAL

Des perspectives de progression sont encore possibles

Les organismes de conseils en élevage du Nord et de Picardie, analysent les résultats économiques de leurs adhérents.

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Alors qu’ELC3 Picardie et Nord Conseil Elevage sont en cours de rapprochement, les services économiques de chaque structure travaillent déjà ensemble ; avec comme premier bénéfice, le nombre de résultats éleveurs rendus cette année : 508 marges ont été collectées et calculées sur l'ensemble de la région Nord - Picardie. Elles ont été restituées à plus de 300 éleveurs, en 23 réunions qui se sont déroulées en juin et juillet derniers.

Marge brute : quelle utilité ?

La marge brute lait des élevages se calcule sur la campagne laitière (du 01/04/09 au 31/03/10), en euros pour 1 000 litres de lait produits. Elle permet de mettre en évidence, au niveau des produits : le prix du lait et l'influence de la qualité (TB, TP, cellules, germes, saisonnalité...) mais aussi le produit viande issu du troupeau laitier (vente de veaux, de vaches de réformes, de génisses...). Au niveau des charges : les charges alimentaires, et plus spécifiquement le coût et la quantité de concentrés vaches et génisses, ainsi que le coût des fourrages, et également les frais d'élevage dont les frais sanitaires, de contrôle laitier, de reproduction.

Un prix du lait au niveau de 2006-2007
Le prix du lait a évolué favorablement à partir de 2007 pour se maintenir en 2008 avec une augmentation de 13% (soit environ 40 euros/tonne de lait) puis revenir en 2009 au niveau de 2006-2007. Cette évolution est essentiellement due aux fluctuations du marché du lait, car la qualité et la composition du lait vendu en laiterie ont très peu évolué en 5 ans.
Le produit viande, quant à lui, ne cesse de diminuer d’année en année depuis 2006 pour atteindre une baisse d’environ 8 euros/tonne de lait. On constate que le nombre d’animaux vendus (veaux à 8 jours, vaches de réforme et femelles vendues en élevage) est en baisse permanente en proportion des droits à produire en lait qui, eux, ne cessent d’augmenter dans les élevages (rachat de lait, réattribution de quota, droits supplémentaires). Mais n’oublions pas que pour vendre des animaux dans un élevage il faut d’abord qu’ils naissent et les maintenir en vie : dans certains élevages on constate plus de 10 % de mortalité dans les vaches, près de 30 % dans les veaux ou encore seulement 60 % de vaches qui revêlent d'une année sur l'autre !

Les charges alimentaires qui ne cessent d'augmenter
Les charges alimentaires dans les élevages laitiers se sont envolées à partir de 2007 du fait d’une augmentation significative des prix des concentrés (plus 70 euros/ tonne) et de leurs distribution plus généreuse (plus 20 g/litre de lait), cela afin de tendre à répondre à la demande de lait supplémentaire de l’année 2007-2008.
Actuellement les charges alimentaires des ateliers laitiers restent très élevées (plus 32 % par rapport à 2005-2006) surtout à cause du prix des concentrés, mais aussi par leurs consommation plus élevée  depuis 2007, avec un impact d'environ 5 euros/tonne de lait. Les fourrages coûtent également plus cher à produire à cause du prix élevé des engrais en 2009-2010. Ce constat met en évidence la difficulté actuelle des éleveurs laitiers pour maintenir la marge brute de leur élevage.

Une campagne 2009/2010 disparate

En moyenne, la marge brute par 1000 litres est de 172 euros, tandis que le quart supérieur se situe à 206 euros et le quart inférieur est à 131 euros. Affirmer que cet écart provient de la différence de système fourrager ou de productivité par vache serait réducteur. En effet, le niveau de production ainsi que la part d’herbe se situent pratiquement au même niveau entre les quarts supérieur et inférieur.

Ne pas négliger le poids du produit viande
Le lait compose la majorité des produits, mais sur les 29 euros d’écart de produit entre les quarts inférieur et supérieur,
15 euros sont imputables au lait et 14 euros sont induits par le produit viande.
Pour ce qui est du lait, le pourcentage de lait d’automne est identique entre les 2 groupes ; les critères qualité et richesse n’expliquent pas à eux seuls les 15 euros d’écart entre eux. D’autres facteurs interviennent, comme la part de lait aux veaux, les primes multi critères annuelles, et l’effet laiterie.
L’écart de 14 euros de produit viande provient surtout du nombre d’animaux vendus (veaux à 8 jours,  vaches et génisses de réformes ou des femelles en élevage), mais également de leur valorisation et de la mortalité.

L'alimentation, la dérive principale des charges
Les charges influent à hauteur de 61% l’écart entre les deux groupes, les charges alimentaires représentent plus de 80 % de cette différence (soit 38 euros par 1000 litres).
Dans les charges alimentaires, on retrouve les concentrés qui différent de 27 euros/1000 l entre les 2 groupes : 17 euros viennent d’une distribution plus généreuse de concentrés (60 grammes au litre) et 10 euros viennent d’un prix d’achat plus élevé. Les fourrages sont le deuxième composant des charges alimentaires, l’écart entre les 2 quarts est de 11 euros/1000 l car le coût des surfaces est plus élevé pour le quart inférieur : un hectare de maïs lui coûte 42 euros en plus et 16 euros supplémentaires lui sont nécessaires pour produire un hectare d’herbe. De plus, le quart supérieur produit 969 litres de lait par hectare corrigé en supplément tout en achetant moins de fourrages ou de sous-produits à l’extérieur.
On constate un écart de 8 euros pour les frais d’élevage. Pour le quart supérieur, les frais d’élevage coûtent moins cher.
Au vu de ce contexte de plus en plus délicat dans les marges de manoeuvre, prix du lait qui stagne et charges qui ne cessent de monter, il apparaît tout de même des perspectives intéressantes de progression : pour les charges, maîtrise de l'alimentation vaches et génisses et pour les produits, augmentation du produit viande.

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