Conférence de presse - La contractualisation oui, mais pas n’importe comment
Philippe Pinta, président de la Chambre d’agriculture de l’Aisne et d’Orama et Henri Brichart, président de la Fédération nationale des producteurs de lait, ont rencontré la presse le 14 mars pour faire un point sur la contractualisation.
L’année 2010 a montré que la volatilité fait désormais partie du marché dans tous les secteurs. La loi de modernisation de l’agriculture rend obligatoire la contractualisation au 1er avril pour les filières fruits, légumes et lait. Les entreprises vont donc proposer des contrats écrits aux éleveurs. «Le fait d’écrire noir sur blanc les règles qui vont codifier la relation entre un producteur et son acheteur c’est plutôt une forme de sécurité pour les producteurs. Mais attention, ces règles doivent être discutées, négociées et acceptées par les uns et les autres» a expliqué Henri Brichart. La FNPL incite par ailleurs, les producteurs à se regrouper par bassin de production par exemple, pour peser sur les négociations. «On souhaite avoir le temps pour que les éleveurs s’organisent pour rééquilibrer les relations. Les propositions de contrats imposés par la loi vont arriver avant le 1er avril. Les producteurs ne sont pas obligés de les signer, en tout cas pas tout de suite» a-t-il continué, signifiant que la FNPL et le SDPL (syndicat des producteurs de lait de l’Aisne) ont mis en place des réunions d’informations pour les producteurs ces dernières semaines. Pour rappel, on compte 90 000 exploitations laitières, 100 industriels et 10 qui ont 80 % du marché. «S’il n’existe pas de règle écrite, c’est le plus faible qui va trinquer».
Un contrat céréalier-éleveur
Par ailleurs, les céréaliers et les éleveurs vont également lancer des contrats inter-filières qui devraient voir le jour cet été. Bruno Le Maire avait demandé à la profession agricole de formuler des propositions mi-février visant à bâtir un partenariat céréaliers-éleveurs. Les productions végétales, animales et le secteur de la nutrition animale ont donc apporté leurs réponses. Ils articulent leurs propositions autour de trois axes : régulation (avec des stocks de sécurité mondiaux et un plan silo en France de 5 millions de tonnes), contractualisation et répercussion des prix vers l’aval. «Les contrats ne feront pas la régulation ni les prix des différents produits aux producteurs. Il s’agit de lisser les prix du marché» a expliqué Henri Brichart. «Cette contractualisation inter-filières portera ses fruits si et seulement si l’aval et la distribution jouent le jeu», a souligné de son côté Philippe Pinta rappelant que la FNSEA propose d’indexer quelques produits de grande consommation sur les cours des matières premières agricoles et ce dans les deux sens, à la hausse comme à la baisse.
«Nous serons prêts pour l’été. Mais le ministre veut aller assez vite et nous a convoqués le 23 mars sur ce dossier. Nous avons encore des modalités à régler. Attention à la précipitation. Nous avons encore besoin temps pour peaufiner le contrat type», a prévenu Philippe Pinta.