Concombres contaminés en Allemagne - La crise du low cost et du hard discount ?
Pour les producteurs français de légumes, la crise sanitaire allemande autour de concombres bio importés d’Espagne et contaminés par une bactérie potentiellement mortelle, est celle de la recherche du prix toujours plus bas. L’Allemagne recense aujourd’hui près de 280 personnes atteintes et une dizaine de décès.
E.coli entérohémorragique (Eceh). C’est la bactérie potentiellement mortelle qui est à l’origine de la crise sanitaire survenue ces derniers jours en Allemagne. Elle a été détectée dans des concombres importés d’Espagne et a atteint 276 personnes. Ces concombres, issus de l’agriculture biologique, proviennent des entreprises espagnoles «Hort O Fruticola» et «Frunet Bio». Les autorités sanitaires allemandes recensent au moins deux patients décédés en raison de cette bactérie qui provoque des hémorragies dans le système digestif. La contamination de l’aliment peut être due au contact avec des déjections d'animaux domestiques ou sauvages à un stade ou un autre de la culture, de la récolte et du conditionnement du produit. Mais pour les producteurs français de l’organisation Légumes de France il n’y a pas de doute, «la sécurité sanitaire, les respects des règles sociales et des normes environnementales ne sont pas compatibles avec la recherche du prix toujours plus bas».
Pour couper court à tout amalgame de la part des consommateurs, les producteurs français de légumes et de concombres en particulier ont rappelé que leurs conditions «exigeantes» de production sanitaires, environnementales et sociales «n’ont rien à voir avec celles pratiquées en Espagne». L’Association nationale d’organisations de producteurs de concombres, l’AOPn Tomates & Concombres de France, souligne aussi qu’«une Charte de qualité anime les professionnels autour d’un triple objectif : proposer des produits de qualité, garantir la sécurité alimentaire et produire dans le respect de l’environnement». Légumes de France appelle ainsi les consommateurs à «exiger l’origine France» dans les supermarchés et chez les détaillants. Les producteurs français considèrent enfin qu’«il n’est pas surprenant que ces désordres sanitaires aient lieu en Allemagne, championne du hard discount, avec du concombre d’Espagne, championne du low cost !» 25 autres cas de contamination par la bactérie Eceh ont été recensés en Suède, sept au Danemark, trois en Grande-Bretagne, deux en Autriche et un aux Pays-Bas.
Cas suspects en France
En France, trois cas suspects d'intoxication alimentaire en lien avec l’épidémie allemande sont « en cours d'investigation », ont annoncé le 28 mai les ministères de l'Economie, de la Santé et de l'Agriculture dans un communiqué commun. Mais, poursuit le communiqué du gouvernement, ces cas ne sont pas en lien avec le lot de concombres suspect retiré du marché français après la publication de l’affaire outre-rhin. La France a néanmoins renforcé son dispositif de surveillance, en liaison avec l'Institut de veille sanitaire.
Le gouvernement estime aussi qu’il faut éviter tout affolement. «A partir du moment où on ne consomme pas ce concombre, il n'y a pas les risques et les drames qu'il y a pu avoir en Allemagne», a assuré le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, le 28 mai, sur le plateau de l’émission «Revu et corrigé» sur France 5. Les autorités sanitaires françaises rappellent seulement aux consommateurs les règles d'hygiène habituelles concernant les fruits et légumes : les laver, les éplucher ou les faire cuire avant de les consommer.