L'Agriculteur de l'Aisne 18 juin 2010 a 18h11 | Par Gaëtane Trichet

Betteraves - Produire toujours, produire mieux, avec des quotas et un prix minimum garanti

«La campagne 2009, une année exceptionnelle» s’est félicité Luc Démazure, président du syndicat betteravier de l’Aisne lors de l’assemblée générale qui a eu lieu le 1er juin à Samoussy.

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Si l’on compare le chiffre d’affaires à l’hectare (DPU inclus) des planteurs de l’Aisne en 2009 à celui de 2004, année d’avant réforme, on constate que la différence n’est pas aussi grande qu’on aurait pu l’imaginer compte tenu de la forte baisse du prix des betteraves du quota. Cela s’explique par les très bons résultats enregistrés l’an dernier par la production betteravière. «2009 a été exceptionnelle sur les plans technique, agronomique et économique», a souligné Jean-Paul Meunier, directeur commun des syndicats betteraviers Aisne-Ardennes-Marne-Aube-Yonne. D’abord, avec 89,9 tonnes à 16, c’est un nouveau record de rendement qui est enregistré dans le département et il bat d’environ 6 tonnes le précédent qui datait de 2008. Les surfaces ont dépassé 60 000 ha en légère hausse par rapport à l’an passé.
Désormais, le nombre de planteurs coopérateurs représentent 71 % en 2010 contre 40 % en 2007 et les surfaces 77 % pour les coopérateurs contre 70 % en 2007. Le reste étant destiné au privé.

Richesse : revoir le barème

Cette assemblée a été l’occasion pour les responsables du syndicat betteravier de soulever plusieurs questions qui restent à régler avec les industriels. La richesse en sucre des betteraves ne cesse d’augmenter. On a atteint une moyenne de 19,22°. Or le barème de paiement de cette richesse fait qu’au-delà de 19°, la recette baisse. «C’est d’autant plus incompréhensible, que l’intérêt de la filière est de livrer des betteraves contenant le plus de sucre possible», a commenté Jean-Paul Meunier. «Ce barème de paiement doit être donc revu» expliquait-il rappelant que le syndicat betteravier déconseille aux planteurs d’utiliser des variétés très riches qui peuvent faire perdre parfois jusqu’à 9 tonnes/ha. Autre question, la tare terre. Elle atteint à présent des niveaux très bas (7.81 % en moyenne en 2009) grâce au déterrage pratiqué l’an dernier une grande majorité des betteraves. Tereos et Saint Louis Sucre souhaitent aller à 100 % de betteraves déterrées. «Dans le cadre des échanges entre usines d’autres départements, certains planteurs pourraient être pénalisés avec des betteraves non déterrées» a déploré Luc Démazure.

La rentabilité de la pulpe à nouveau en question
La chute des prix de la pulpe liée à celle des cours du blé remet en cause la rentabilité des Sica de déshydratation. «Nous arrivons à des prix inférieurs à nos coûts de production» s’est inquiété le président du syndicat betteravier. Ce qui soulève à nouveau le problème des frais de traitement des eaux de presse facturés par les industriels et qui représentent 15 % de l’ensemble du coût de transformation des pulpes. La CGB est bien décidée à obtenir gain de cause sur ce point. «Nous nous opposerons en 2011 à cette redevance totalement déconnectée de la réalité économique et industrielle», a assuré Alain Jeanroy, directeur général de la CGB (confédération générale des planteurs de betteraves).

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Il faut déjà penser à l’après 2015

"Si la recette 2009 des planteurs n’est pas très éloignée de celle d’avant réforme, c’est en raison d’ordre davantage conjoncturels que structurels", a observé Alain Jeanroy. Ce sont notamment des cours mondiaux du sucre au plus haut qui ont permis d’exporter l’excédent de production de la campagne 2009 et d’éviter ainsi le report. Aussi pour le directeur général de la CGB, il ne faut pas relâcher les efforts. D’autant plus qu’une nouvelle réforme se profile à l’horizon. "Nous avons encore cinq récolte devant nous, mais il nous déjà penser à l’après 2015". La situation est la suivante. La France, premier pays producteur de betteraves à sucre, a 40 % de sa production de sucre à exporter. Aujourd’hui, elle n’a plus que les pays d’Europe déficitaires en sucre (Espagne, Italie…) pour débouché. Mais elle est concurrencée par ses voisins allemands, néerlandais, anglais. L’Allemagne est géographiquement mieux placée que la France pour vendre son sucre. «Si nous sommes les meilleurs sur le plan de la productivité betteravière, notre industrie sucrière est moins compétitive, ses unités de production sont plus petites, et de ce fait nous ne sommes pas plus compétitifs que nos voisins au niveau de la filière». Dans ces conditions, estime Alain Jeanroy, la suppression des quotas de betterave et du prix minimum garanti seraient catastrophiques pour les planteurs français. La production augmenterait dans les pays proches des marchés déficitaires et l’on risquerait de perdre de 0,5 à 1 million de tonnes de débouchés. Quant à l’export, on ne saurait y songer, sachant qu’il faudrait payer la betterave moins de 15 euros par tonne pour pouvoir soutenir la concurrence avec les Brésiliens. L’idée de la CGB est donc de défendre le prolongement du règlement sucre actuel sur cinq ans, de 2015 à 2020, d’autant que ce serait compatible avec les règles de l’organisation mondiale du commerce. Il faut dans le même temps poursuivre les efforts sur la compétitivité de la filière. Pour les planteurs atteindre les 100 tonnes, pour les industriels, «calibrer l’outil en fonction des débouchés récurrents». Sans oublier «une politique de surface stricte pour éviter la production de sucre hors quota non contractualisée». En résumé : «produire plus, produire mieux, avec des quotas et un prix minimum garanti».

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