L'Agriculteur de l'Aisne 15 juin 2012 a 15h32 | Par Gaetane Trichet

Betteraves - Les prix actuels rejoignent ceux d'avant réforme

Nouveau président, nouveau directeur, nouveau concept d'assemblée générale,... mais continuité des actions engagées pour la prochaine campagne.

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De gauche à droite : Guillaume Gandon, Alain Jeanroy, et Emmanuel Pigeon.
De gauche à droite : Guillaume Gandon, Alain Jeanroy, et Emmanuel Pigeon. - © l'agriculteur de l'aisne

La betterave n'en finit pas d'étonner par son potentiel. Pour preuve les rendements qui progressent au rythme de 2% par an en moyenne. La récolte 2011 s'est ainsi soldée dans l'Aisne par un nouveau record à 92,9 t/ha à 16, un peu moins que la moyenne nationale qui atteint les 97 t/ha. C'est l'un des faits marquants de la campagne écoulée, selon Emmanuel Pigeon, directeur du syndicat betteravier de l'Aisne, qui s'exprimait lors de l'assemblée générale du syndicat betteravier le 7 juin à Samoussy. Autre point à retenir, l'allongement des durées de campagne qui sont passées en quelques années de 90 jours en moyenne à près de 110 jours à présent. "Une réflexion approfondie en matière de longue campagne doit avoir lieu et ceci rapidement. Il est hors de question que le planteur soit la barrière d'ajustement dans la politique d'allongement des durées de campagne imposée par les industriels. Les accords interprofessionnels ne tiennent pas compte de ses allongements de campagne et il est urgent qu'au niveau national, les discussions soient engagées" a lancé Guillaume Gandon, président du Syndicat betteravier, aux sucriers.
Cet allongement et des automnes plus chauds expliquent sans doute l'apparition de pourritures dans les silos qui font grimper la tare collet. «Il faut s'en préoccuper, des solutions existent», a souligné Emmanuel Pigeon. La tare-terre, elle, est restée au dessous des 10 %.

Légère baisse des surfaces préconisée
A noter encore la quasi stabilité des surfaces qui ont atteint 59 800 ha en 2011 contre 59 835 ha en 2010. Pour cette année, la CGB a recommandé une légère baisse des emblavements. L'objectif est de pouvoir écouler toute la récolte afin d'éviter tout report sur l'année suivante et par conséquent une réduction de la production. Cela dépend des débouchés et notamment de l'exportation. Depuis 2006, les volumes à l'export sont plafonnés à 1,370 million de tonnes, a rappelé Alain Jeanroy, directeur de la CGB. Il est possible d'aller au-delà si les cours mondiaux du sucre dépassent le prix de référence communautaire qui est de 404 euros/t. Cela a été le cas en 2009 où l'on a pu ainsi écouler toute la récolte. Les cours étant toujours soutenus, 4,5 Mt de betteraves, presqu'autant qu'en 2009, seront exportées pour la campagne de commercialisation en cours. S'y ajoutent 23,1 Mt du quota, 8,2 Mt pour l'alcool éthanol et 2,2 Mt pour l'industrie chimique, soit au total 38 Mt de betteraves, la totalité de la récolte française 2011. Cette année, les cours ne seront peut-être pas aussi bons, donc prudence.
S'agissant des prix payés aux producteurs, Guillaume Gandon a montré qu'ils atteignaient aujourd'hui (hors DPU) des niveaux équivalents à ceux d'avant la réforme. Cela va d'un peu plus de 30 euros la tonne à 16 chez SVI, à environ 34 euros chez Saint Louis Sucre et à 35,5 euros chez Tereos, intéressement et compléments de prix inclus.

- © L'agriculteur de l'Aisne - GT
L'acquis du supplément de prix
Ces niveaux ont pu être atteints grâce notamment aux suppléments de prix. «Nous avons obtenu de Bruxelles qu'il puisse y avoir, par accord interprofessionnel, un partage du gain entre industriel et planteurs lorsque les cours mondiaux du sucre sont supérieurs au prix de référence européen. Il a fallu pourtant batailler il y a trois ans pour obtenir des industriels, l'application de cette disposition», a rappelé Alain Jeanroy. L'action a été payante. Le supplément de prix, variable selon les fabricants, s'est élevé en moyenne à 0,5 euro/t en 2009 et à 2,5 euros/t en 2010. Il sera supérieur à 10 euros (de 5 à 12 euros) en 2011 payable en 2013 et il devrait être voisin de 10 euros pour 2012 en admettant que les cours mondiaux se maintiennent à un bon niveau compte tenu de la faiblesse des stocks. «Nous avons réussi à imprimer un système de partage de la valeur ajoutée tout à fait intéressant, et qui prendra d'autant plus d'importance si le prix garanti de la betterave vient un jour à disparaître», s'est félicité Alain Jeanroy.
La bonne conjoncture actuelle se traduit aussi au niveau du chiffre d'affaires à l'hectare. Il est de l'ordre de 3000 euros chez Saint Louis Sucre. Chez Tereos, il est de 3 200 euros et atteint les 3 600 euros si l'on inclut l'intéressement et les compléments de prix. «Les coopérateurs Tereos ne sont certes pas encore au bout de leur investissement de départ, mais ils sont sur le bon chemin».

Quotas : lobbying à Bruxelles
Depuis la réforme de 2006, la situation a été bien gérée, mais la menace de la disparition des quotas pèse toujours. Annoncée pour 2015, les professionnels espèrent la faire reporter en 2020, le temps de devenir compétitif sur le marché mondial. Planteurs et fabricants sont en total accord sur ce point. Les partisans d'une disparition rapide des quotas sont les industriels qui veulent du sucre moins cher et les raffineurs qui pourraient ainsi augmenter leurs importations de sucre brut. Après la Commission européenne et le conseil, la CGB mène à présent une action auprès des parlementaires européens.

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