L'Agriculteur de l'Aisne 16 mars 2016 a 08h00 | Par Actuagri

Accord à minima à Bruxelles

Les ministres de l’Agriculture des Vingt-huit réunis à Bruxelles, le 14 mars, ont donné leur accord à un mécanisme de réduction temporaire de la production laitière ainsi qu’à un relèvement des plafonds d’intervention du lait écrémé et du beurre.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
- © l'agriculteur de l'Aisne

Après la visite du Commissaire européen à l’Agriculture, Phil Hogan, à Paris, le 25 février, puis la tournée de Stéphane Le Foll dans les capitales européennes, une majorité de ministres européens de l’Agriculture et la Commission de Bruxelles ont fini par prendre conscience de la gravité de la crise agricole. Lors du Conseil des ministres européens de l’Agriculture du 14 mars à Bruxelles, une majorité a pu être dégagée autour de propositions communes de la France et de l’Allemagne auxquelles s’est ralliée la Commission européenne. «C’est un point important qui a été marqué dans l’analyse de la situation et dans les mesures qui ont été décidées», pour le secteur du porc et du lait, s’est d’ailleurs félicité Stéphane Le Foll. La principale nouveauté décidée par les Vingt-huit réside dans le déclenchement d’une mesure encore inédite, la limitation temporaire de la production. Il a, en effet, été décidé de déclencher pour la première fois l’article 222 de l’Organisation commune de marché qui permet aux opérateurs de déroger au droit à la concurrence pour limiter temporairement la production. Tous les détails de cette mesure ne sont pas encore finalisés. Ils le seront très prochainement, a promis le commissaire, notamment sur la durée du mécanisme qui pourrait être fixée à six mois, voire portée à un an. Mais on sait déjà que la mesure n’a pas de caractère obligatoire et qu’elle n’est pas assortie d’incitations financières. Ce qui a suscité une première réserve, celle de l’Irlande, qui a indiqué par la voix de son ministre de l’Agriculture qu’elle ne l’appliquerait pas, et celle de Xavier Beulin, le président de la FNSEA qui déplore son manque de financement. Le risque est que la France et d’autres pays comme l’Allemagne s’engagent dans une réduction de leurs livraisons tandis que les pays nordiques continueraient à pousser leur production.

Incertitude sur le système de minimis

Par ailleurs, Bruxelles a également accepté de doubler les plafonds d’aides pour les stockage privé, qui sont donc portés à 218 000 tonnes pour le lait en poudre et 100 000 tonnes pour le beurre, davantage d’ailleurs que ce que souhaitait la France. Ce relèvement des plafonds permettra de faire face à l’augmentation de la production en cours, en attendant que la mesure de limitation de la production produise ses effets. Comme le souhaitait également la France, la Commission a pris l’engagement de remettre en œuvre dans l’année le stockage privé pour le porc et elle a indiqué, à l’instar de ce qui existe dans le secteur laitier, la mise en place d’un observatoire sur les viandes bovines et porcines. S’agissant des mesures destinées à favoriser l’exportation, le Commissaire européen à l’Agriculture s’est engagé à augmenter les crédits de promotion sur les marchés tiers et au sein de l’Union européenne. Il devrait également proposer un nouvel outil européen de garantie pour couvrir les risques financiers pris par les entreprises. En ce qui concerne la possibilité d’augmenter les aides d’Etat, - le système de minimis-, sur lesquelles la France et l’Allemagne s’étaient mis d’accord, Phil Hogan a déclaré qu’il était exclu de s’engager dans une procédure de révision du système dans la mesure où son aboutissement prendrait au moins sept mois.

Etiquetage d’origine

Toutefois la Commission serait prête à autoriser temporairement chaque Etat à accorder 15 000 euros par an et par agriculteur, (5 000 euros par an actuellement) dans la limite de 30 000 euros sur trois ans. Mais le communiqué officiel du ministère de l’Agriculture ne l’évoque pas dans les conclusions du Conseil des ministres. Enfin, la Banque européenne d’investissement pourra être mobilisée pour inciter et assister les agriculteurs et transformateurs à réaliser des investissements visant à améliorer leur compétitivité et à se lancer dans des projets innovants ou structurants. Sans que le sujet ait été abordé au cours du Conseil des ministres, la Commission a donné un accord de principe à la France pour expérimenter l’étiquetage d’origine des viandes et du lait dans les produits transformés. Insuffisant au global, a jugé Xavier Beulin, qui s’interroge sur «les zones d’ombre» des mesures adoptées et déplore l’absence de décisions sur la levée de l’embargo sanitaire sur le porc en Russie. Ce qu’a d’ailleurs reconnu Phil Hogan sur le porc.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Agriculteur de l'Aisne se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,

L'Agriculteur de l'Aisne
La couverture du journal L'Agriculteur de l'Aisne n°2338 | septembre 2023

Dernier numéro
N° 2338 | septembre 2023

Edition de la semaineAnciens numérosABONNEZ-VOUS