L'Agriculteur de l'Aisne 03 septembre 2015 a 08h00 | Par G. Trichet

A la veille des actions nationales et européennes, USAA et JA rencontrent le conseiller agricole de François Hollande

A quelques heures de l'action nationale du jeudi 3 septembre à Paris, une délégation USAA-JA a rencontré Philippe Vinçon, conseiller du Président de la République, en charge de l'Agriculture, à l'occasion du déplacement de François Hollande à Pouilly-sur-Serre.

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La délégation USAA-JA : Philippe Pinta, Jean-Yves Bricout, Guy Leblond, Joseph Leterme, Mathieu Canon, Guillaume Gandon et Charles Hubert.
La délégation USAA-JA : Philippe Pinta, Jean-Yves Bricout, Guy Leblond, Joseph Leterme, Mathieu Canon, Guillaume Gandon et Charles Hubert. - © l'agriculteur de l'Aisne

L'Aisne, une France en miniature. C'est sur ce constat que les responsables agricoles ont entamé la discussion avec, à l'appui, les principaux chiffres de l'agriculture axonaise. Contrairement aux idées reçues, près d'une exploitation sur deux a un atelier d'élevage. Au total, l'agriculture de l'Aisne représente, avec 10 500 emplois directs (y compris exploitants et coexploitants), 7 % de l'emploi total départemental. Un chiffre qui double lorsqu'on ajoute les emplois indirects notamment dans l'agroalimentaire.Rapidement, les échanges ont évolué vers une analyse de la situation actuelle des exploitations et les pistes formulées par la profession agricole pour donner une nouvelle ambition à l'agriculture.



Mieux d'Europe


«On ne veut pas moins d'Europe mais mieux d'Europe» a martelé Jean-Yves Bricout, Président de l'USAA. «Ce qui n'est plus accepté par les agriculteurs, ce sont les distorsions de concurrence sur le plan social, environnemental, fiscal... On ne le comprend plus. On ne le supporte plus».Sur le plan européen, Guillaume Gandon, Président du Syndicat betteravier de l'Aisne, a exhorté Philippe Vinçon à agir auprès du Président et du Gouvernement pour que la France s'engage et soutienne la position de la DG Agri de la Commission européenne qui permettra de préserver la capacité de négociation de l'interprofession sucrière. Pour la filière lait, Joseph Leterme, secrétaire général du Syndicat départemental des producteurs de lait, est intervenu pour demander une révision des dispositifs européens de gestion des crises (prix d'intervention...) qui aujourd'hui ne sont plus efficaces.Les difficultés pesant sur les exploitations pénalisent a fortiori les jeunes. Charles Hubert, Président de JA 02, a ainsi alerté le conseiller agricole sur la gravité de la situation. Non seulement les jeunes n'arrivent plus à s'installer (faute de prix rémunérateurs) et plus grave encore, les jeunes dont les prêts bonifiés arrivent à terme envisagent de quitter le métier.



Faites-nous confiance et libérez les énergies !


De manière unanime, les responsables agricoles ont revendiqué, auprès du conseiller agricole, la vocation économique de l'agriculture, par opposition à une vocation environnementale auxquels certains voudraient la réduire. Cette vocation économique s'appuie notamment sur la capacité de l'agriculture à créer des emplois sur l'ensemble du territoire à la condition expresse que les prix permettent de rémunérer la main-d'œuvre.Philippe Pinta, Président de la Chambre d'agriculture de l'Aisne, a insisté sur les marges de manœuvre à la disposition de la France, et en premier, les normes. Exemple à l'appui : avec le schéma régional de cohérence écologique, la crainte est importante de voir les terres agricoles sacralisées, en particulier dans les zones d'élevage. Philippe Pinta a rappelé l'exigence de la profession d'avoir un moratoire d'un an sur les normes. «Dans un contexte de prix bas, les normes, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase». Évoquant la mesure Azur (pilotage de la fertilisation azotée dans les bassins d'alimentation de captage), il a également souligné l'innovation dont pouvait faire preuve la profession agricole, tout en regrettant l'inertie et les délais pour obtenir la validation de la mesure par les préfets.Sur le plan fiscal, les élus ont réitéré l'impérieuse nécessité d'imaginer un dispositif adapté à l'agriculture et qui s'appuierait sur une dotation pour aléas permettant de provisionner les bonnes années pour réinjecter lors des années les plus mauvaises. Jean-Yves Bricout a alerté Philippe Vinçon sur l'incompréhension persistante dans la mise en œuvre du dispositif de suramortissement. En effet, les bennes ne sont pas éligibles. Une aberration lorsque l'on sait que pour certaines, elles sont encore fabriquées en France.Philippe Vinçon a identifié deux objectifs : les prix et le dialogue nécessaire entre les opérateurs au sein des filières. Il a également évoqué la question des normes, «sujet central» a t-il souligné.Jean-Yves Bricout a finalement lancé un appel : «Les agriculteurs sont une chance pour la France et non un problème. Nous refusons d'être les prochains sur la liste après la sidérurgie, le textile et le petit commerce. L'État doit libérer les énergies et faire confiance aux agriculteurs».

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